Bien qu’il s’agisse de professionnels passionnés, les auxiliaires aux services de santé et sociaux (ASSS) doivent faire face à de plus en plus d’obstacles pour continuer à pratiquer humainement leur métier. Leurs conditions de travail se dégradent de telle manière que nombreux sont ceux qui vivent du stress, de la fatigue et même de la détresse psychologique selon un récent sondage de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
Les travailleurs du secteur des soins à domicile sont des acteurs importants du système de santé, puisque la demande ne cesse de croître avec le vieillissement de la population, partout au Canada. Ces professionnels accompagnent les personnes en perte d’autonomie et leurs aidants dans les tâches quotidiennes. Ils veillent à leur hygiène ainsi qu’à leur bien-être, dans le confort de leur maison.
La moitié des 6 165 ASSS du réseau québécois, dont la majorité sont des femmes, ont toutefois témoigné de leur épineuse réalité quotidienne dans le sondage de la FSSS mené au début de l’année. Si 90 % des répondants indiquent aimer leur métier, ils dénoncent une pénurie de personnel combinée à un manque criant de reconnaissance de la part du gouvernement, de la population et des employeurs.
À cela s’ajoutent des problèmes de gestion qui entraînent une grande surcharge de travail. Beaucoup se retrouvent ainsi à effectuer des tâches en dehors de leurs heures de travail, faisant l’impasse sur les pauses et le repas du midi, pour le bien des bénéficiaires.
Réforme Barrette
La réforme Barrette de 2015 est majoritairement mise en cause par les ASSS (82 %) comme étant à l’origine de l’augmentation du nombre de domiciles desservis et de la réduction du temps alloué pour livrer les mêmes services. En somme, on leur demande de faire plus avec moins.
Parallèlement, la privatisation des services de soins à domicile au détriment du secteur public représente une préoccupation pour 51 % des ASSS, alors que le recours aux agences privées était de 38,2 % dans la région de Montréal en 2016-2017.
Cette situation n’est pas exclusive au Québec, puisque l’Association canadienne de soins et services à domicile (ACSSD) a également publié un rapport faisant état de l’augmentation du recours aux agences privées partout au Canada, devant le manque de personnel et de reconnaissance dans le secteur public.
Impacts sur la santé et les services
Les conséquences physiologiques de cette surcharge de travail sont telles que 74 % des ASSS affirment être fatigués durant ou à la fin de leur quart de travail, tandis que 68 % ressentent des douleurs physiques.
Un fort taux de présentéisme a également été relevé, soit le fait de venir travailler en se sentant malade, alors que l’on aurait plutôt dû rester à la maison.
À noter également que 60 % des répondants connaissent un niveau de détresse psychologique élevé lié à leur emploi. Ces symptômes sont apparus dans la dernière année pour 53 % des ASSS, et depuis plus d’un an pour 47 % d’entre eux.
Sans surprise, cela engendre un amoindrissement de la qualité des services, alors que 92 % ont observé des situations mettant à risque la sécurité des usagers. Seulement 10 % des auxiliaires ont affirmé avoir le temps d’accomplir les tâches associées aux soins d’hygiène.
Les associations québécoises et pancanadiennes tentent toutefois de remédier à cette crise en militant pour une meilleure reconnaissance du métier à tous les niveaux. Une des solutions consisterait en une valorisation salariale pour mieux retenir et attirer le personnel.