Les infirmières praticiennes spécialisées (IPS) sont de plus en plus nombreuses au Québec. Elles sont expertes dans plusieurs domaines, prennent en charge des patients et interviennent auprès de clientèles souffrant de problèmes de santé complexes. Pour faire le point sur ces super infirmières, nous avons rencontré Lucie Tremblay, présidente de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ).
Madame Tremblay, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est une IPS et en quoi son travail diffère-t-il de celui des autres infirmières?
Une infirmière praticienne spécialisée est une infirmière qui cumule plusieurs années d’expérience et qui poursuit ses études à la maîtrise afin d’approfondir ses connaissances et ses compétences sur le plan médical.
À l’instar des infirmières, l’IPS évalue l’état de santé des patients, détermine un plan de soin et prodigue des soins afin de maintenir et de rétablir la santé. L’infirmière praticienne spécialisée se distingue cependant par le fait qu’elle prend en charge des clientèles présentant des problèmes de santé complexes.
Afin de compléter ses soins, l’infirmière praticienne spécialisée partage avec les médecins des activités qui leur sont habituellement réservées. On parle par exemple de la prescription de médicaments, de traitements médicaux et d’examens diagnostics, mais aussi de l’utilisation de mesures diagnostiques invasives.
Quelle est l’histoire des infirmière practicienne spécialisée au Québec?
Les premières IPS sont apparues aux alentours de 2005. Même si, à l’époque, elles travaillaient surtout en milieu hospitalier, elles ont rapidement intégré les soins de première ligne. Au moment où l’on se parle, elles sont plus de 400 à exercer dans la province.
La valeur ajoutée de l’infirmière praticienne spécialisée à l’équipe de soins est telle qu’aujourd’hui, le gouvernement souhaite en intégrer 2 000 au réseau. Les universités ont déjà commencé à admettre plus d’infirmières dans les programmes afin de répondre aux besoins de santé de plus en plus complexes de la population.
Quel est l’apport del’infirmière praticienne spécialisée dans les équipes de soins?
Parce qu’elle jouit d’une plus grande autonomie que ses consœurs et qu’elle peut aller plus loin dans ses activités, l’IPS contribue à améliorer l’accès aux soins de santé tout en assurant une continuité dans les soins. Elle favorise aussi une prise en charge rapide des patients en ce qui concerne notamment le suivi et la promotion de la santé.
Quelle est la vision de l’OIIQ pour l’évolution des IPS au Québec?
Nous avons récemment revu les spécialités de l’infirmière praticienne spécialisée afin de nous rapprocher de ce qui se fait dans le reste du Canada. Jusqu’à maintenant, les IPS se retrouvaient dans les soins de première ligne, en néonatalogie, en cardiologie et en néphrologie. Bientôt, elles travailleront aussi auprès des clientèles adulte et pédiatrique, mais aussi en santé mentale.
L’objectif est d’intégrer les IPS dans les secteurs où elles n’étaient pas présentes et d’amener un complément à l’équipe de soins. On répond ainsi à un besoin de la population. En ce moment, l’OIIQ attend l’adoption de nouveaux règlements pour aller de l’avant.
Les IPS, en bref…
- Les infirmières praticiennes spécialisées pratiquent partout au Canada. En 2017, on dénombre dans plusieurs provinces, dont 413 IPS au Québec et 3 177 en Ontario.
- Pour devenir IPS, l’infirmière doit cumuler quelques années d’expérience, détenir un baccalauréat en sciences infirmières et poursuivre ses études au niveau de la maîtrise.
- L’IPS fait le même travail qu’une infirmière, mais de manière plus approfondie et avec plus d’autonomie.