Il est partout, il fait courir, provoque palpitations, maux de dos, migraines, voire phobies… On en parle tous les jours, pourtant pas facile de comprendre le stress ! On l’associe généralement au monde du travail et pour les managers, le déceler et le combattre n’est pas une mince affaire.
Quelles sont les principales sources de stress ?
On fait souvent référence au stress provoqué par son travail, mais on a du mal à en analyser les causes véritables. Il peut provenir d’une surcharge de tâches, d’une mauvaise ambiance entre collègues ou du comportement ingrat d’un supérieur. Pourtant, l’environnement professionnel n’est pas toujours le coupable. Le stress peut aussi être créé par l’individu qui le subit. S’il s’agit de quelqu’un de perfectionniste, qui a besoin d’être reconnu dans son travail, il sera stressé par ses propres ambitions. Parfois aussi, le stress est conséquence d’événements extérieurs incontrôlables : il peut se manifester après un accident, des difficultés financières, ou des tensions familiales par exemple.
Les entreprises prennent-elles les dommages du stress au sérieux ?
Oui et non. Les conséquences du stress sur la santé des employés sont de plus en plus reconnues. Aujourd’hui, des conseillers sont même embauchés pour soutenir le personnel et, dans l’ensemble, on peut dire que la situation s’améliore. Mais beaucoup d’entreprises appliquent encore un management à l’ancienne, peu enclin à faire une place aux problèmes liés au stress. Par ailleurs, le stress n’est pas légalement reconnu comme une maladie du travail au Canada. Les arrêts délivrés par les médecins doivent prouver un handicap au travail, comme un violent mal de dos par exemple. Quoi qu’il en soit, les entreprises sont responsables du stress vécu par leurs employés, même si celui-ci n’est pas directement lié au travail. Elles sont donc tenues de penser efficacement leur management et de fournir le meilleur environnement de travail possible.
Comment déceler les signes de stress ?
Le stress se répercute différemment chez chaque individu, mais il existe des tendances générationnelles fortes qui aident à le détecter. Les seniors ont tendance à dissimuler leur stress car s’est une forme de déshonneur. En revanche, les générations qui arrivent sur le marché du travail sont plus ouvertes et n’hésitent pas à faire part de leurs états d’âme. Les jeunes disent plus facilement : « il me faut plus de temps, j’ai trop de travail, j’ai besoin de repos, etc. ».
Dans tous les cas, il existe des signes visibles que doivent reconnaître les managers. Par exemple, une personne qui habituellement participe aux réunions et qui soudain ne parle plus, ou encore quelqu’un de très joyeux qui devient morose et colérique, sont des marques de stress. Certains signes sont insoupçonnés. Quelqu’un qui reste au bureau jusqu’à minuit n’est pas forcément passionné, mais peut être débordé et stressé. De même, une personne qui cumule les erreurs et qui s’absente de plus en plus, n’est pas nécessairement démotivée. Les oublis ou la dégradation de la qualité du travail sont aussi des alertes à considérer. Il est vrai que pour l’employeur, ces symptômes peuvent ressembler à de la fainéantise et du désintérêt… d’où les difficultés de repérage du stress.
Que doivent faire les managers pour gérer les problèmes de stress ?
Il est essentiel pour eux d’être à l’écoute et de trouver des solutions personnalisées. Il faut savoir que beaucoup d’employés, même ceux des nouvelles générations, culpabilisent de se sentir stressés. C’est donc le dialogue qui permettra de déterminer s’ils le sont réellement. De plus, même si le stress n’est pas causé par l’environnement professionnel, il est impératif de ne pas l’ignorer. Quelle que soit son origine, il se fera sentir sur le travail à effectuer.
S’il s’avère que l’employé a des soucis personnels, des problèmes administratifs urgents à régler par exemple, le manager peut lui suggérer de prendre une journée pour s’en occuper. Autre exemple, un employé est débordé dans son travail, il paraît tendu, mais il ne dit rien. Le manager doit alors clairement demander : « comment ça se passe en ce moment ? Si tu as des difficultés, n’hésite pas à me le dire, on peut confier une partie de ton travail à quelqu’un d’autre… ». Souvent, une bonne gestion du stress passe simplement par un management attentif.
Cet article est basé sur un entretien de 2011 avec Nora Spinks, fondatrice et présidente de Work Life Harmony. Ce cabinet international, basé à Toronto, est spécialiste des solutions managériales pour la santé au travail.